Le Père Chevrier, Éducateur de la foi des jeunes
La condition de pauvreté des enfants et des jeunes a frappé le cœur du pasteur du Père Chevrier et l’a poussé à se consacrer à eux pour leur communiquer le trésor caché dans l’évangile : la connaissance de Jésus Christ. Il a tracé une pédagogie originelle soit dans l’Eglise que dans la société de son temps. A la place de l’ordre et de la discipline il s’engage à réveiller l’intérieur, il essai de toucher leur cœurs et ainsi changer leur regard vers soi-même, les autres, Dieu, l’Eglise et la réalité.
Le 10 décembre 1860, un prêtre de Lyon, Antoine Chevrier, faisait l’acquisition d’une salle de danse dans le quartier de la Guillotière pour y prendre en charge et donner une formation chrétienne à des enfants et à des jeunes en grande difficulté. La Guillotière était alors un quartier très pauvre qui formait la banlieue industrielle de Lyon. A cette époque où l’enseignement public, gratuit et obligatoire, n’existait pas encore, beaucoup d’enfants devaient travailler dès leur plus jeune âge sur les métiers à soie ou dans des fabriques ; ils n’avaient été ni scolarisés ni catéchisés. Avec le concours de laïcs bénévoles, hommes et femmes encore jeunes, le père Chevrier les prenait avec lui, garçons d’un côté, filles de l’autre, pour une durée de 5 à 6 mois, afin que, dans ce cadre, ils puissent se préparer à une première communion tout en apprenant à lire, à écrire et à compter. Du 10 décembre 1860 jusqu’au 2 octobre 1879, jour de la mort du père Chevrier, de 2300 à 2400 jeunes y furent accueillis, dont les 2/3 de garçons et un 1/3 de filles.
Les jeunes accueillis par le Père Chevrier au Prado
Qui étaient ces jeunes que le père Chevrier accueillait ainsi au Prado ? D’où venaient-ils ? Qui les orientait vers le Prado et de quelle manière ?
La pensée et les valeurs du Père Chevrier en tant qu’éducateur
Que cherche à faire en profondeur Antoine Chevrier avec ces jeunes qu’il accueille au Prado pour une durée de quelques mois seulement ?
Un mot de conclusion
Je citerai simplement le père Duret (on peut le reconnaitre dans l’encadré de la photo à la page suivante), le successeur du père Chevrier à la tête du Prado, qui résumait ce qu’on cherchait à y faire dans cette jolie formule : «1° On les apprivoisait ; 2° On les civilisait ; 3° On les christianisait». «On les apprivoisait» : ces enfants que certains appelaient des «sauvages», il fallait dans un premier temps les apprivoiser ou plutôt commencer par s’apprivoiser mutuellement.
«On les civilisait», ce qui veut dire que peu à peu ils apprenaient, par une nouvelle manière d’être avec leurs éducateurs et entre eux, à vivre civilement, comme il convient de se comporter ensemble quand on est citoyen d’une même cité, alors qu’ils se regardaient comme exclus de la société civile. «On les christianisait» : on cherchait à faire d’eux des chrétiens, par le moyen de l’enseignement du catéchisme, mais aussi en leur apprenant le chemin de la prière pour les éveiller à une relation possible avec Dieu.
A noter enfin qu’on se souciait de ce que devenaient les enfants à leur sortie du Prado. Beaucoup, dit-on, y revenaient le dimanche et, à la fin de sa vie, le père Chevrier fonda, à proximité du Prado, une œuvre dite de la Persévérance, où certains demeuraient comme pensionnaires. Plusieurs années après sa mort, avec le père Perrichon, l’œuvre allait s’ouvrir sur le quartier de la Guillotière sous la double forme d’un patronage et également d’un cercle d’études qui semble avoir été très actif.
Yves Musset (Décembre 2010)