L’adresse de la Maison historique du Prado est :
13, rue Père Chevrier, à Lyon.
Pour cela, dans notre langage ordinaire quand on parle du « 13 », on donne comme par acquis que notre interlocuteur sache à quoi on se réfère, c’est le Prado, le lieu où Chevrier a bien fondé son Œuvre.
Une choix remué et intérieurement souffert …
Le Père Chevrier a reçu un grâce spéciale la nuit de Noel 1856 à l’Église de Saint André de sa paroisse, en méditant le mystère de l’incarnation. Cette grâce-là a déterminé le parcours de sa mission pastorale en tant que prêtre du diocèse de Lyon. Il a demandé à l’évêque de quitter la charge de vicaire paroissial pour devenir l’aumônier de « la Cité de l’Enfant Jésus ». Après quelques mois, il a entamé une autre démarche afin de servir véritablement les enfants et les jeunes pauvres de son quartier en les évangélisant par la préparation à la première Communion. Le témoignage du moment de la décision de louer la salle de bal malfamée et nommée « Prado », est ici témoigné dans un dialogue, émouvant dans sa simplicité, rapporté par Françoise Chapuis.
Cette femme était maîtresse d’atelier dans le quartier de Saint Polycarpe au bas de la Croix-Rousse. C’était le Curé d’Ars qui l’avait adressée au P. Chevrier, lorsque celui-ci venait d’arriver à la Cité. Elle ne savait ni lire ni écrire, mais elle gardait vivant dans sa mémoire le souvenir des paroles du Père. « Il m’a entretenue lui-même, dit-elle, de la fondation du Prado. Il vint me voir un jour :
« Françoise, me dit-il, je suis en train de faire une grande bêtise ! Je tremble… »
– Et pourquoi donc, mon Père, vous tremblez ?
– Parce que je suis en train d’acheter le Prado, ce bal des Vaches, là où il se fait tant de mal, tant de crimes, là où se rendent toutes les mauvaises gens.
– Mais vous ne faites pas cela de vous-même, mon Père ?
– Non, je l’ai dit à Monseigneur, et il m’engage de le faire.
– Eh bien ! Il ne faut pas trembler, il faut le faire.
Alors il m’a dit :
« Ah ! un pauvre âne comme moi, avec mon ignorance, mon manque d’avoir, comment pourrai-je faire ?
– Mais vous ferez, mon Père, puisque Monseigneur vous le conseille et que vous vous sentez porté à faire cette œuvre.
– Eh bien ! Françoise, c’est la foi qui me manque. Le bon Dieu a dit que ceux qui avaient la foi transportaient les montagnes… »
Il a passé un triste quart d’heure, tantôt il était pâle, tantôt il était rouge, tantôt de grosses larmes roulaient dans ses yeux…
« Alors, me disait-il, vous auriez le courage de faire cela ?
– Oui, lui dis-je, si Monseigneur me le disait, je le ferais » (P. 1. p.60-61)
Il est intéressant d’entendre ce témoignage où l’on voit Antoine Chevrier puiser auprès de cette femme du peuple le courage et la foi dont il avait besoin pour faire le pas décisif. « Dieu a mis dans certaines âmes, écrira-t-il plus tard, un sens spirituel et pratique qui renferme plus de bon sens et d’esprit de Dieu qu’il y en a dans la tête des plus grands savants. Témoins, certains bons paysans, quelques bons ouvriers, quelques bonnes ouvrières, femmes qui comprennent de suite les choses de Dieu et savent mieux les expliquer que bien d’autres » (VD p. 218).
Le « oui » du P. Chevrier, qui va désormais engager toute sa vie et la fixer en ce lieu, est un « oui » donné à la croix. « Il faut prendre sa croix, la croix que Jésus nous donne. Accepter. Prendre volontairement » (VD p. 330). C’est là qu’il a vraiment fait le pas, qu’il a franchi le Rhône pour de bon. Jusqu’ici, à la Cité, dans la lumière de la grâce de Noël 1856, il avait vécu intensément le mystère de Jésus-Christ dans son Incarnation et dans sa pauvreté. Maintenant, le voici attaché à Jésus Christ crucifié et le Prado est né réellement ce jour-là de son sacrifice.
« Le Prado » c’est une grâce qui porte son fruit
Ce lieu, dont le nom fut maintenu tel quel par Chevrier, nous rappelle une sorte d’alliance entre Dieu et le bienheureux Antoine, c’est le signe que l’appel de Dieu a été réellement entendu et qu’il porte visiblement son fruit. Comme toutes les histoires des saints, la grâce qu’ils ont reçus ça se voit, ça se touche, ça parle, et tous reconnaissent qu’il y a là quelque chose d’extraordinaire où nous voyons sans peine la main de Dieu.
Le 10 décembre c’est la fête du Prado, c’est l’anniversaire de la fondation du Prado, c’est fêter ce que produit la grâce de Dieu quand, chez celui qui a entendu l’appel du Seigneur, elle va jusqu’à produire à l’extérieur dans la société et dans l’Église une œuvre de salut chez les pauvres, les premiers destinataires de l’Évangile.
Aujourd’hui un lieu de pèlerinages et de service
Le bâtiment que l’on appelle « le Prado », dans les années a connu plusieurs restaurations et différentes destinations.
Il y a la chapelle, tel qu’elle fut aménagée par le Fondateur du Prado lui-même, avec la tombe du Père Antoine Chevrier et pour cela est lieu de pèlerinage des pradosiens et du peuple de Dieu qui vient connaitre la spiritualité pradosienne et pour confier au Bienheureux leurs soucis, leurs espérances et prières de grâce à recevoir. Proche de la chapelle il y a une salle d’accueil pour les pèlerins où pique-niquer, une salle vidéo.
Dans la maison, il y a aussi la chambre dans laquelle il a travaillé ses études de Notre Seigneur Jésus Christ et ainsi réfléchissait au parcours de formation des séminaristes qu’il avait commencé à former, lieu où il est mort le 02 octobre 1879.
Enfin, on peut visiter un espace musée qui, par des panneaux, permet au pèlerin de faire le parcours spirituel de Chevrier, puis la fondation de l’œuvre de la première communion à l’école cléricale, c’est-à-dire les étapes qui ont marqué la vie de ce véritable disciple et apôtre de Jésus Christ.
Dans une autre partie, on trouve le siège du Prado Général et du Prado de France avec les bureaux, et aussi les logements des permanents qui sont sur place au service de l’animation du Prado dans les diocèses de différents pays du monde.